L’histoire du canal
Le canal de Soulanges tient une place importante dans le développement de la navigation et de l’expansion du commerce maritime au Canada.
Notre musée régional vous présente son histoire!
Un fleuve aux eaux tumultueuses
Le canal de Soulanges tient une place importante dans le développement de la navigation et de l’expansion du commerce maritime au Canada. Son histoire s’inscrit dans la grande aventure humaine et technologique qui a permis, au cours des deux derniers siècles, de contourner les eaux tumultueuses du fleuve Saint-Laurent pour atteindre l’intérieur du continent. En effet, à cet endroit, le fleuve est constitué d’une série de rapides formés de quatre ruptures de pentes totalisant près de 25,6 mètres de dénivellation sur une distance de 12,8 kilomètres.
Rapide Le Trou à Pointe-des-Cascades (avant 1893)
Source : © Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges, Fonds Pierre Clément, P-20-220
1840 Ã 1899
À la fin du 19e siècle, la décision de construire un nouveau canal s’avère inévitable puisqu’il devient nécessaire de remplacer le canal de Beauharnois (1840) devenu désuet en raison de l’augmentation du commerce maritime et du volume des nouveaux navires. La construction du canal de Soulanges s’est échelonnée sur sept années entre le début des travaux en juin 1892 et le passage du premier bateau le 9 octobre 1899. Il s’agit d’une véritable épopée qui transformera de manière irréversible le paysage de la région et l’art de vivre de sa population.
Une course bien inégale… (vers 1940)
Source : © Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges, Fonds Pierre Clément, P-20-101
Les conséquences sur la population
Le trajet de 23,4 kilomètres proposé par l’ingénieur responsable des travaux, Thomas Monro, ne sera pas sans conséquence pour la population et les quatre municipalités situées sur son parcours. Les villages de Pointe-des-Cascades et de Les Coteaux, situés aux embouchures du canal, subiront des transformations physiques importantes dont plusieurs démolitions d’immeubles. Plusieurs propriétaires terriens verront une partie de leurs terrains expropriés et de nombreux agriculteurs devront dorénavant faire de longs détours jusqu’au pont le plus proche afin d’accéder à la partie la plus importante de leurs champs.
Vue aérienne du canal de Soulanges à Pointe-des-Cascades (première moitié du 20e siècle)
Source : © Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges, Fonds Pierre Clément, P-20-124
Une épopée technologique
La construction du canal de Soulanges s’avéra une entreprise plus longue et difficile que ce qui avait été prévue dans les études préparatoires. Plusieurs facteurs ont contribué à complexifier les travaux et retarder considérablement son ouverture. L’un d’entre eux étant la nature même du sol de la région de Soulanges contre laquelle les entrepreneurs et les travailleurs ont lutté inlassablement pendant sept ans. Pour respecter les délais et faire face aux nombreux impondérables survenus au cours de la construction, plus de 1 200 travailleurs pouvaient se retrouver en même temps répartis le long de cet immense chantier.
Travailleurs procédant à l’enrochement des berges du canal de Soulanges (vers 1897)
Source : © Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges, Fonds Pierre Clément, P-20-215
La suite des travaux
Bien qu’anticipée, la présence d’un nombre élevé de pierres sur l’ensemble du parcours de même que l’instabilité de ce sol glaiseux reposant sur un lit de sable, ont causés des problèmes considérables. Les rapports préparatoires avaient sous-estimé les conséquences de ce phénomène géologique et de fréquents éboulis viendront compliquer les travaux. Dans les sections traversant les municipalités de Les Coteaux et de Coteau-du-Lac, la présence d’argile bleue molle et grasse contribuera à de fréquents glissements de terrain. Les ingénieurs responsables des travaux procéderont à l’aplanissement et à l’enrochement des berges du canal à certains endroits stratégiques. Des murets en béton, destinés à solidifier les parois de l’ouvrage, seront répartis le long du parcours.
Pelles mécaniques s’attaquant au sol glaiseux lors du creusage de la section 9 (Coteau-du-Lac, 24 septembre 1895)
Source : © Bibliothèque et Archives Canada, C-20869
Un canal illuminé
L’innovation technologique la plus remarquable utilisée au canal de Soulanges est sans contredit l’énergie hydroélectrique. L’électrification a permis d’actionner les moteurs de la totalité des structures mobiles telles que les écluses, les ponts tournants et les déversoirs réduisant ainsi le nombre d’employés nécessaires au bon fonctionnement du canal. Des lampadaires électriques répartis tout au long du parcours permettaient désormais aux navires de traverser le canal de jour et de nuit.
Le canal de Soulanges illuminé (après 1902)
Photographie prise à partir du pont ferroviaire à l’écluse numéro 5 à Coteau-du-Lac
Source : © The Canadian Engineer
Le « Petit pouvoir » des Cèdres
Cette énergie hydroélectrique était fournie par une petite centrale, construite en 1899 par l’ingénieur Thomas Monroe, située au point de rencontre entre le canal et la rivière à la Graisse à Les Cèdres. Cet emplacement, choisi en raison de la dénivellation de près de 6 mètres entre le canal et la rivière, assurait la force hydraulique nécessaire au fonctionnement des turbines de la centrale. Bien que conçue à des fins industrielles, l’architecture de ce bâtiment se démarque par son style « château » qui sera à la mode autour des années 1870 et qu’on retrouvera principalement dans une série d’hôtels dont témoigne encore le Château Frontenac à Québec.
« Le Petit pouvoir », la centrale hydroélectrique du canal de Soulanges (4  octobre 1910)
Source : © Bibliothèque et Archives Canada, C-63798
La fin d’une époque
Les dimensions toujours plus considérables des bateaux empruntant le canal de Soulanges et leur nombre de plus en plus important sonneront le glas de cette installation. La taille des écluses ne pouvant répondre indéfiniment à ces différents impératifs, les derniers navires traversèrent le canal à l’automne 1958. L’ouverture officielle de l’actuelle Voie maritime du Saint-Laurent le 26 juin 1959 scellera définitivement le sort du canal de Soulanges considéré longtemps comme l’une des plus grandes prouesses technologiques du 19e siècle au Canada.
La fin d’une époque (30 juillet 1955)
Photographie provenant de monsieur Bernard Prieur
Source : © Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges, Fonds Canal de Soulanges, 103
Crédits
Textes et recherche : Musée régional de Vaudreuil-Soulanges.
Autre consultation: Sébastien Daviau et Édith Prégent. Le canal de Soulanges (1899-1958) : une aventure technologique et humaine. Vaudreuil-Dorion, Musée régional de Vaudreuil-Soulanges / Musée virtuel du Canada – Histoire de chez nous, 2010.
François Cartier. Canal de Soulanges. D’un défi à l’autre. Les Coteaux, Société de développement du canal de Soulanges / Musée régional de Vaudreuil-Soulanges, 1999.